Bonjour
Vos informations sont partiellement bonnes ou bien interprétées. En l'absence de certificat médical, établi par un médecin inscrit sur la liste du procureur, un membre de la famille doit saisir le procureur (sinon il saisirait le juge des tutelles), avec le maximum d'éléments permettant au procureur d’apprécier la situation et la suite qu'il convient de donner au signalement. Une mesure de protection est une décision juridique grave entrainant de nombreuses conséquences, emportant l'incapacité juridique de la personne, cela ne se décide que si aucune autre solution, plus légère, n'est possible et si une altération des facultés mentales et/ou corporelles est constatée par un médecin inscrit.
Cette expertise consiste à évaluer si la personne est en possession de toutes ses facultés mentales et corporelles, et sinon de caractériser l'altération et ses conséquences sur la vie quotidienne de la personne, sa capacité à gérer son quotidien, à prendre des décisions pour son patrimoine.
En l'absence de certificat médical, le procureur décidera :
- soit de diligenter une enquête sociale (coût élevé, il ne le fait pas systématiquement, délai minimum 3 mois)
- soit de mandater un médecin inscrit pour expertiser la personne, considérant qu'il a assez d'éléments sociaux,
- soit de diligenter une enquête de police (en cas d'abus de faiblesse ou escroquerie)
- soit de classer l'affaire
Si le dossier et les décisions prises par le procureur permettent de réunir :
- un certificat médical circonstancié établissant une altération des facultés mentales ou corporelles de la personne
- des éléments sur une mise en danger de la personne, sur son incapacité à se gérer seul
- des renseignements suffisants sur les conséquences constatées sur sa situation sociale ou financière
alors le procureur le transmettra au juge des tutelles en lui demandant d'ouvrir une mesure de protection. Celui-ci ne peut instruire aucun dossier sans certificat médical, fût-il adressée par le procureur.
Le procureur peut, au moyen d'une enquête qu'il diligente, avoir accès au comptes du majeur à protéger, mais le juge ne le peut pas. Le procureur évalue la pertinence de monter un dossier de demande d'ouverture de mesure de protection, il dispose de l'arsenal juridique lui permettant de demander une enquête sociale ou de police.
Le juge, saisi par le procureur ou un proche de la personne, décide d'ouvrir ou non la mesure sur la base d'éléments médicaux, d’éléments d'état civil et sociaux expliquant la problématique sociale ou patrimoniale.
Donc il peut arriver qu'une personne change de comportement sans que cela ne soit considéré comme les conséquences d'une altération de ses facultés mentales. Il est important dans votre cas que le médecin inscrit dispose du maximum d'éléments que le médecin traitant doit pouvoir fournir, établissant un lien entre un problème de santé et ces comportements, ce qui donnera une piste au médecin inscrit qui cherchera plus particulièrement à évaluer les raisonnements et réactions de la personne dans certains cas de figure.
Exemples : est-il influençable, comment raisonne-t-il, est-il délirant, quel contact a-t-il avec la réalité, a-t-il la valeur de l'argent, évalue-t-il correctement sa situation, est-il conscient des conséquences de ses actes...
Le médecin inscrit dispose d'une batterie de tests, de questions, qui ne sont pas encadrés par des textes. Le test du MMSE est souvent utilisé par exemple (dans les cas de démences).
Cordialement
Anne-Laure ARNAUD
Mandataire Judiciaire à la Protection des Majeurs
Secrétaire adjointe de la Fédération Nationale des MJPM Indépendants (FNMJI)
www.fnmji.fr