Les Mandataires judiciaires à la protection des majeurs et le squat des biens immobiliers des majeurs protégés

Il peut arriver aux Mandataires Judiciaires à la Protection des Majeurs de se retrouver confrontés au squat d’une maison ou d’un appartement appartenant à une personne protégée.
En effet, les biens immobiliers de majeurs vulnérables peuvent dans certains cas être vacants depuis plusieurs années, ainsi le risque de les voir squattés n’en est malheureusement que plus grand.
Cette situation bien que relativement rare n’en est pas moins extrêmement longue et complexe à gérer lorsqu’elle survient.
C’est pour cette raison que l’équipe d’Horizons a aujourd’hui souhaité rédiger cet article pour tenter de vous informer au mieux sur les procédures qui existent pour déloger les squatteurs du bien d’un majeur protégé et également vous donner quelques astuces pour éviter que cette fâcheuse situation ne se produise.

Un squat qu’est-ce-que c’est ?

Sur le plan juridique, un squat se définit comme l’occupation sans droit ni titre du bien d’autrui. Il s’agit concrètement de la prise de possession par un tiers d’un bien immobilier sans l’autorisation de son propriétaire légitime.
Deux éléments importants ressortent de cette définition.
Tout d’abord, elle vient exclure le cas du locataire qui ne règle plus son loyer ou dont le bail est arrivé à expiration et qui se maintient dans les lieux, puisqu’initialement ce dernier disposait bien d’un titre lui permettant d’accéder au logement. Conséquence de cette distinction, la trêve hivernale ne peut pas bénéficier aux squatteurs, puisqu’ils ne sont pas assimilables à des locataires.
Ensuite, puisqu’il s’agit de l’occupation du bien (et non du domicile) d’autrui, l’ensemble des biens immobiliers peu importe qu’il s’agisse d’une résidence principale ou d’une résidence secondaire peuvent être squattés et bénéficier des procédures visant à déloger les squatteurs que nous allons évoquer.

La procédure d’expulsion des squatteurs depuis la loi « anti-squat » de 2020 ?

Depuis l’entrée en vigueur de la loi dite « anti-squat », le législateur a créé une procédure permettant une expulsion des squatteurs en 3 jours en saisissant le préfet (au lieu des 2 années en moyenne observées quand la demande est faite devant les juridictions).
Concrètement, dès que le mandataire aura eu connaissance du squat du bien d’une personne protégée qu’il représente, il pourra saisir le préfet pour qu’il déloge les intrus.
Pour actionner cette procédure le représentant du propriétaire devra déposer plainte auprès du commissariat en se munissant d’élément prouvant que le bien est effectivement la propriété du majeur protégé (par exemple une facture d’électricité, une taxe foncière ou encore un titre de propriété).
En plus de cette plainte pour saisir le préfet, il faudra faire constater le squat par des officiers de police. Si ces derniers ne sont pas en mesure de venir rapidement, il est également possible de prendre rendez-vous avec un huissier pour établir le constat.
Une fois la plainte finalisée et le constat réalisé, la demande peut être envoyée au préfet qui aura 48h pour donner sa réponse. Il s’agit d’un pouvoir souverain du préfet qui va décider au cas par cas s’il faut ou pas ordonner l’expulsion. Si la réponse à la demande est positive, les squatteurs auront 24h pour libérer les lieux sans quoi ils seront expulsés par la force publique. Si la réponse est négative, il faudra alors passer par la voie judiciaire pour faire procéder à l’expulsion. A ce jour, on estime qu’environ 50% des demandes faites dans le cadre de cette procédure aboutissent.
Notons que le refus du préfet d’ordonner l’expulsion ouvre le droit pour le propriétaire de demander une indemnisation en raison du squat de son logement (le montant de celle-ci correspond au montant du prix du bien à la location qui n’aura pas pu être perçu durant la période pendant laquelle le bien a été squatté).

Dispose t-on vraiment de 48h après le début du squat pour initier cette procédure auprès du préfet ?

Cette question intéresse directement les Mandataires judiciaires à la protection des majeurs qui ne peuvent être que très difficilement informé de l’existence d’un squat dans les 48h après le début de celui-ci.
Pour répondre très clairement à cette question, non ce délai limite, qui voudrait que le propriétaire ou son représentant dispose d’un maximum de 48h après le début du squat, pour lancer une procédure auprès du préfet visant à déloger les squatteurs n’existe pas.
Cela a été confirmé de manière explicite par le Ministère du logement dans une réponse publiée au journal officiel le 14 juin 2016 « le délit de violation de domicile peut, tant que dure l'occupation illicite, être constaté en faisant application des dispositions de l'enquête de flagrance ». Autrement dit que le mandataire découvre le squat au bout d’une journée ou d’un mois, il pourra toujours faire une
demande au préfet (comme évoqué plus haut), afin d’expulser les squatteurs de la résidence de la personne protégée.
Cependant, même si ce délai ne pourra pas être opposé par le préfet au mandataire pour rejeter la demande, on peut noter que plus une situation de squat est ancienne, moins les demandes d’expulsion qui dépendent du pouvoir souverain des préfectures auront de chance d’aboutir.
C’est pour cette raison qu’en matière de squat la réactivité est toujours bénéfique au demandeur.

Les précautions à prendre pour éviter qu’un bien soit squatté

Tout d’abord l’aspect extérieur d’une maison peut alerter d’éventuels intrus sur le caractère inhabité du bien. C’est pour cette raison que quand cela est possible, il peut être bénéfique de faire tondre la pelouse ou retirer le courrier de la boite aux lettres.
Bien souvent, comme l’équipe d’Horizons a pu le constater, l’un des meilleurs moyens pour éviter le squat est de prendre attache avec les voisins, afin qu’ils puissent en cas d’activité « anormale » dans la maison donner l’alerte. Cette organisation d’un relais local dans le voisinage est extrêmement précieuse, puisque bien que le délai d’action de 48h pour lancer une procédure après l’intrusion des squatteurs n’existe pas, il est toujours mieux de réagir promptement afin d’éviter une installation trop longue du squat qui ne pourrait que compliquer par la suite l’expulsion.
Enfin, il existe des dispositifs de sécurisation des biens avec caméra et alarme qui permettent d’alerter automatiquement la police en cas d’intrusion. Ces dispositifs sont efficaces mais restent onéreux (environ 400euros pour l’installation et 40euros par mois).

Pour toutes questions relatives au sujet traité dans cet article, n’hésitez pas à nous contacter au 06 69 54 84 85 ou à l’adresse mail

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L'immobilier pour MJPM : L’usufruit et les majeurs protégés.

Il n’est pas rare pour un Mandataire Judiciaire à la Protection des Majeurs (MJPM)  de devoir sauvegarder les intérêts d’une personne vulnérable, propriétaire de son  bien au travers d’un usufruit. 

Confronté à ce démembrement de propriété original, il est intéressant de se  demander quel impact l’usufruit peut avoir sur le déroulement de la mesure de  protection. 

L’équipe d’Horizons va tenter de vous informer au mieux sur les rapports entre  usufruit et protection des majeurs. 

Pour commencer qu’est-ce qu’un usufruit ? 

L'usufruit est un droit de jouissance d’un bien (ex : un appartement ou une maison),  son détenteur (l’usufruitier) peut utiliser celui-ci et en percevoir les fruits, c’est-à dire les revenus qu’il génère. Ce droit exclut pour l’usufruitier le pouvoir de disposer  du bien qui appartient au nu-propriétaire. 

Quelles sont les obligations de l’usufruitier à l’égard de son bien ? 

Il incombe à l’usufruitier le devoir de conserver le bien, afin que celui-ci soit remis  le jour venu en bon état au nu-propriétaire. Les travaux de réparation seront donc à  sa charge, à la différence des gros travaux qui eux, sont à la charge du nu propriétaire. Pour les charges de copropriété, le syndic appliquera cette logique et  est censé ventiler les charges entre l’usufruitier et le nu-propriétaire, selon qu’ils  s’agissent de dépenses d’entretien courant ou de gros travaux.

Le majeur protégé usufruitier d’un bien sera par ailleurs redevable de la taxe  foncière et de la taxe d’habitation seulement s’il occupe le bien ; à contrario si le  bien est loué, la taxe d’habitation devra être réglée par le locataire. 

A noter que toutes ces règles sont de principe, mais l’usufruitier et le nu-propriétaire  ont pu prévoir d’autres modalités de répartition des charges entre eux. Dans ce cas,  le MJPM ne doit pas hésiter à vérifier ce que prévoit la convention d’usufruit sur ces  questions (dans le silence de celle-ci, ce sont les règles précitées qui s’appliquent). 

Quelles sont les modalités pour vendre un bien en usufruit ? 

Si un MJPM veut mettre en vente le bien qu’un de ses protégés détient en usufruit, il  devra obtenir obligatoirement l’accord du nu-propriétaire, à la différence de la mise  en location ou dans ce cas seul l’accord de l’usufruitier est nécessaire. S’il y a  plusieurs nus-propriétaires, un accord unanime de ces derniers sera nécessaire  pour vendre le bien. 

Cependant, si l’usufruitier souhaite vendre uniquement son usufruit, l’accord du nu propriétaire n’est pas obligatoire. 

A noter, qu’il est possible pour un nu-propriétaire de racheter les droits de  l’usufruitier. 

Si un majeur protégé occupe un bien qu’il détient en usufruit et qu’il doit le quitter  pour par exemple partir en maison de retraite, il lui est possible de vendre ses droits  au nu-propriétaire au travers d’un rachat d’usufruit. 

Cette opération permettra d’une part au majeur protégé d’obtenir de l’argent et  d’autre part donnera au nu-propriétaire le droit d’occuper (ou de louer) le bien. 

Combien l’usufruitier récupère d’argent en cas de vente ou de location du bien ? 

Si le bien est vendu, l’usufruitier recevra du prix de vente le pourcentage  correspondant à la valeur de son usufruit. Ce pourcentage est dégressif selon l’âge  du propriétaire. Si l’usufruitier a moins de 21 ans son usufruit représente 90% de la  valeur du bien, mais si le détenteur de l’usufruit est âgé de 92 ans ses droits ne sont  plus que de 10%. Le détail de ce barème est prévu par l’article 669 du CGI. 

En matière de location, L'usufruitier peut louer le bien immobilier sans demander  l'accord du nu-propriétaire (sauf s’il s’agit d’un immeuble à usage commercial,  industriel ou artisanal ou d’un fond rural) et percevra seul le montant des loyers. 

En conséquence de quoi, il peut dans certaines situations être plus avantageux pour  le Mandataire Judiciaire à la protection des majeurs qui cherche à améliorer le  pouvoir d’achat de son protégé de louer un bien dont l’usufruitier percevra seul les 

revenus locatifs plutôt que de le vendre ou dans ce cas une partie seulement du prix  de vente lui sera reversé. 

Pour savoir laquelle de ces options privilégier, différents paramètres rentreront en  ligne de compte comme l’âge de l’usufruitier, la rentabilité locative du bien, la  fiscalité applicable à chacune de ces deux opérations… 

Et la fiscalité dans tout ça ? 

En cas de vente, le nu-propriétaire et l’usufruitier sont redevables de l’impôt sur les  plus-values. Comme il s’agit d’un démembrement de propriété, le prix de cession est  ventilé d’après le barème de l’article 669 du CGI mentionné plus haut. 

En ce qui concerne la location, les revenus locatifs étant reversés intégralement à  l’usufruitier, ce dernier sera de manière logique redevable seul de l’impôt sur le  revenu qui s’appliquera sur l’intégralité du revenu locatif, auquel on pourra tout de  même soustraire les charges déductibles. 

Enfin, pour ce qui concerne l’impôt sur la fortune Immobilière (l’IFI) que pourrait  payer l’usufruitier, cet impôt sera calculé sur la valeur en pleine propriété du bien.  Le nu-propriétaire n’aura quant à lui rien à déclarer. 

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