Bonjour,
Je suis la tutrice de ma fille depuis 2007; tout se passe bien en ce qui concerne ma fonction de tutrice que j'assume avec sérieux depuis lors. Chaque année, je transmets les comptes, et j'ai l'impression que mon rôle se limite là, le reste, je n'ai pas droit de regard dessus...
Or je viens d'avoir (hier) une altercation assez violente avec le chef des ateliers et le directeur de l'ESAT dont ma fille est "usager" depuis cinq ans.
Nous habitons loin de l'ESAT et ma fille, depuis plus de cinq ans, s'y rend par divers circuits de bus, pas toujours très pratiques mais soumis à surveillance d'éducateurs, de chauffeurs aguerris, etc.
Pour des raisons économiques et afin que chacun arrive à l'heure au travail, l'ESAT révolutionne ce programme, cherchant à lui imposer, donc à nous imposer aussi (à mon mari et à moi) un nouveau circuit, de nouveaux horaires... de nouvelles lourdeurs aussi.
Cela a provoqué un grand bouleversement pour la personne elle-même parce que :
- elle a été informée à mots couverts par un chauffeur de bus (avant que je ne sois moi-même informée) un vendredi matin ;
- c'est sa monitrice d'atelier qui a dû, toute la journée, gérer le stress ;
- le week-end qui a suivi a été perturbé : larmes, cris, douleur, insomnies pour nous comme pour elle.
- cette nouvelle situation crée pour la personne handicapée mentale de nouveaux problèmes pour se rendre, après le travail à ses petites activités de loisirs programmées depuis belle lurette et qui sont indispensables à son équilibre tant physique (sport, danse, après une activité sédentaire) que psychique (elle y retrouve ses amis). Une personne handicapée mentale réagit avec le cerveau d'un enfant ou, au mieux, celui d'un adolescent et aussi avec son CŒUR !!! De petits soucis pour nous sont parfois, pour un handicapé mental, des montagnes d'incertitude, de questionnements et de douleur.
- la solution au problème (qui est le problème de l'institution avant tout) proposée par l'ESAT défie la logique et les notions de sécurité les plus évidentes. On me propose par exemple d'imposer à ma fille l'utilisation d'un bus du Conseil général pour assurer la liaison avec le bus de l'ESAT. Or le bus du CG est souvent en retard sur les horaires prévus et annoncés, le matin il n'y a que 5 minutes de battement entre un bus et l'autre ! Pour le soir, on me propose de déposer ma fille avant 18 h (or, il n'y est jamais à cette heure-là à cause des problèmes de circulation intense), après étude des horaires, elle devrait attendre jusqu'à 18 h 50 le bus du GV... seule dans la rue, dans le quartier "de la gare" assez mal fréquenté (je vous laisse imaginer), alors qu'elle n'est absolument pas capable d'assumer cela ni même de se défendre ne serait-ce qu'un peu. Elle aurait de plus 200 m à faire, en ville et deux carrefours à traverser... Elle ne regarde jamais avant de traverser ! (même si on le lui a dit des dizaines et des dizaines de fois)
J'ai téléphoné au chef des ateliers, chargé également de la question des transports, je suis tombée sur quelqu'un de très désagréable, borné, qui n'avait qu'un mot à la bouche : le règlement ! Il a même appelé le directeur pour noter ce que je disais.
Le ton est monté de part et d'autre, la discussion (si on peut dire), s'est envenimée... Au cours de celle-ci, face à la volonté patente de ne pas me répondre, de ne pas tenter de discuter et de faire "monter la mayonnaise", j'ai été amenée à évoquer quelques "erreurs" de l'établissement (menus trop gras, pas diététiques du tout, non prise en compte des désirs de la personne et de son bien-être, la souffrance infligée à ma fille durant tout un week-end, un harcèlement moral de la par d'un autre usager non décelé par l'équipe éducatrice alors qu'il durait depuis des mois, j'en passe et des meilleures, etc.).
Mes mots sont notés, je ne note pas les leurs, je ne suis pas assez rusée pour ça sans doute. Voilà que le directeur s'empare du téléphone, me dit que je les ai insultés (le mot est un peu fort pour quelques divergences d'opinions et quelques reproches fondés – ces grands professionnels ont la science infuse et ne se trompent jamais, c'est sûr... ils ont surtout tout pouvoir sur les personnes et, à terme, sur leurs biens !)
Non contents de provoquer la souffrance de la personne et de sa famille, les voilà qui retournent la situation et se posent en victimes. Quel culot !
Cela fait des années qu'ils nous harcèlent pour que nous acceptions de placer notre fille dans leur foyer de travailleurs. Pour nous, ce sera le plus tard possible, car la personne n'est pas prête, elle n'est pas pressée non plus ! Elle a encore besoin de son environnement familial et de l'amour que les siens lui apportent, même si c'est dur parfois quand nous vieillissons (comptes, courses, transport par ici, transport par là, médecins, lessive, repassage...)
Je me demande même si tout ce qui les intéresse n'est pas plutôt d'avoir une mainmise totale sur la personne et sur ses revenus !
Ces gens-là sont tout puissants et savent user de toutes les ficelles ! Personne ne leur dit jamais rien, personne ne fait jamais d'enquête, les tuteurs ne sont jamais tenus au courant de rien (pas même du passage du médecin du travail !)
Le directeur me demande de mettre sur papier tous mes griefs et de lui envoyer cela par lettre recommandée...
Je me demande donc si l'ESAT peut arguer de cette discussion ayant mal tourné pour demander que la tutelle ne me soit plus attribuée pour éventuellement, lui, la récupérer pour avoir enfin tous pouvoirs sur ma fille, la placer en foyer, faire main basse sur son salaire, etc.
Je sais, c'est long... C'est lourd aussi parfois d'être parent et tuteur à la fois. Mais si je pouvais avoir vos avis éclairés, ce serait bien. Merci d'avance !
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