Là, on aborde en effet un des aspects les moins simples de la pratique de notre métier. C'est pas évident de sécuriser les majeurs que l'on doit protéger, sans les déposséder complètement de leurs actes de la vie courante. Nous sommes là pour les connaître suffisamment pour savoir comment mettre en place concrètement le budget en fonction de leurs besoins, et chercher à doser ce qu'ils peuvent conserver comme type de démarches quotidienne, même si cela consiste uniquement à acheter du pain ou des cigarettes chaque jour...
La mise en place d'une mesure nécessite également de procéder par essais/erreurs (toute mesure gardée, s'entend) On écoute la demande du majeur, on vérifie avec lui s'il est capable de tenir le contrat qui en découle, puis on adapte l'action en fonction de ses réussites. (sauf si la demande va à contresens de l'ordonnance du juge, là c'est non d'office)
Cela nécessite de l'énergie et un temps d'observation. Mais au moins, à long terme, ça peut permettre :
- de pouvoir montrer au juge que l'on a choisi et adapté les actions, elles ne sont pas plaquées sur le majeur protégé en fonction de nos propres représentations uniquement.
- de mettre le majeur en face de ses possibilités comme de ses limites. Même si nous essayons de protéger des majeurs incapables, peut être qu'il faut penser à ne pas les infantiliser. Leur laisser deux ou trois responsabilités, aussi minimes soient elles, peut éventuellement leur permettre d'avoir un but quand ils se promènent pour acheter le pain, de parler avec le boulanger, de se socialiser, plutôt que de s'enfermer ou bien de se révolter constamment. Ils existent, puisqu'ils sont encore dans l'action.
Du coup, l'idée des enveloppes, moi, j'adhère !

Vous n'allez pas tarder à être une "tutrice confirmée"...