à smc-tutelle : Vous voulez faire grincer les dents, vous avez gagné !!

j'ai exercé le métier d'éducateur spécialisé pendant dix ans. Mandataire aujourd'hui depuis deux ans, je peux vous assurer que les deux rôles n'ont pas vraiment de points communs, en pratique concrète. Educ spé, on gère souvent des groupes que l'on anime, tout en veillant à l'individualité de chacun, en passant par le biais des actes de la vie quotidienne. On monte des projets individuels en relation avec le projet associatif pour lequel on exerce, on vérifie si les actions menées au quotidien dans les institutions sont en corrélation avec la législation et l'intérêt de chaque personne, dans le cas contraire on est sensés faire le lien entre les instances internes et externes pour que l'intérêt de chaque personne accompagnée soit entendu au plus juste... Dans le cadre du handicap et de la maladie mentale, nous ne gérons absolument pas la protection des biens, mais plus l'orientation socio professionnelle de la personne, mineure ou majeure, en capacité juridique ou non. Tant que possible, notre travail se fait en lien avec les mandataires judiciaires car nous n'avons pas à gérer le budget mensuel des gens, et encore moins un patrimoine plus élargi.
Ce qui me désarme du point de vue éthique aujourd'hui, effectivement, c'est de comprendre que les usagers ne se sentent pas sécurisés par nos délais de réponses, par exemple. Je sais que c'est une généralité relative au métier et aux contraintes que l'on nous impose. Educatrice, j'avais rarement des retours m'indiquant que je n'avais pas été rassurante... Mandataire, ce n'est plus la même chanson... Et pourtant j'ai les mêmes préoccupations du point de vue de la prise en compte de la personne, je fais mon travail avec sérieux... Alors je cherche très concrètement quelles sont les demandes des majeurs protégés pour tenter de recentrer les priorités que nous devons humainement avoir pour mettre l'autre en sécurité. Parce qu'il s'agit bien de les protéger, les majeurs...
Les mesures civiles sont prononcées aujourd'hui pour cinq ans. Cela prouve bien qu'au minimum, elle seront plus contrôlées par les tribunaux, et au mieux ça laisse une chance aux gens de pouvoir être accompagnés par ce type de mesure mais ponctuellement... Je sais que ça ne cadre pas bien avec le fait qu'un médecin doive constater une altération sérieuse des facultés mentales pour qu'une mesure civile soit prononcée, mais après tout, un malade souffrant de psychose peut aussi bien avoir de longues périodes de stabilisation. Pourquoi serait il supervisé, alors ?
Dans vos réponses globalement, j'ai lu aussi que les adultes dont nous nous occuppons sont allés à l'école. Je rejoins l'idée que l'école n'apprend pas tout de la vie. Pour essayer de comprendre ce qui se passe globalement, en cherchant des infos sur le net, je me suis rendue compte qu'en France, les majeurs sont considérés "incapables" lorsqu'ils ne peuvent plus se protéger seuls, alors qu'au Canada, ils sont considérés "inaptes" à se protéger. C'est moins dévalorisant, (je le pense humblement), on peut être aptes à effectuer certaines choses et inaptes à en faire d'autre sans que cela nous infantilise pour autant...
Je philosophe un peu mais concrètement, la loi nous demande de prendre nos majeurs en compte, de recueillir leur adhésion. Si le sujet intéresse autant de professionnels, tant mieux. Peut être que quelques uns parmi vous ont trouvé des petites solutions toutes simples mais efficaces, pour répondre dans les délais, ou pas, mais au moins faire sentir au majeur qu'il est considéré et qu'on va réellement chercher à le protéger. Je prends tout ce que vous voudrez bien me proposer à ce sujet !!
a tous les intervenants : Un point que je trouve vraiment positif dans cet échange, c'est justement le fait que j'ai l'impression que l'écart entre la perception des mandataires privés et associatifs se réduit. (ou bien j'ai vraiment été très susceptible il y a quelques semaines et alors je devrais des excuses.) Je suis certaine qu'avec nos différences, nous faisons tous pour le mieux... la preuve, en plus de notre travail quotidien, on se retrouve encore "en dehors" pour en échanger !
Il y a juste une question qui me taraude... comment je vais faire pour receuillir l'avis des majeurs s'ils ne viennent pas sur ce site ?? Comment je vais procéder pour avoir leur avis sans me faire manger par des demandes surréalistes ou bien trop insistantes ? Il va bien falloir que je trouve une solution... avez vous des idées ? Bon j'exagère, je demande beaucoup... cette fois j'arrête... pour l'instant !!